Lettre adressée à Augustin Pajou | Les Amis du Domaine de Marly | Marly le Roi - Louveciennes
Lettre adressée à Augustin Pajou
Une lettre évoquant la statuaire de Marly. Lettre adressée à Augustin Pajou. Auteur anonyme, administration des Bâtiments du roi.
Encre sur papier vergé, datée du 9 novembre 1778 - inv. 2016.4.1. Don des Amis du Musée-Promenade.
L'association a offert une lettre manuscrite rédigée par un secrétaire des Bâtiments du roi, l'administration en charge des résidences royales. Cette lettre datée de novembre 1778 est adressée à Augustin Pajou (1730-1809). Pajou était un sculpteur apprécié par la comtesse Du Barry dont il présenta le portrait lors de différents salons. Comme d'autres artistes avant lui, il occupe, de 1777 à 1795, la fonction de garde des sculptures modernes de la salle des Antiques du Louvre. Il succède à Guillaume Coustou le Jeune dans cette charge, le fils de l'auteur des Chevaux de Marly. Le garde des sculptures a la responsabilité d'une partie des collections royales. À cette époque, le Louvre n'est pas encore un musée, au sens moderne du terme, mais un projet de Museum est en gestation. À ce titre, tel un conservateur ou un régisseur des collections, Pajou a la charge d'assurer la conservation des sculptures et d'accueillir un public choisi. Il doit également veiller sur le stockage des commandes de sculptures des Bâtiments du roi et superviser des opérations délicates comme les moulages sur les œuvres originales. Sa connaissance de la sculpture en tant que praticien le place idéalement pour ces missions.
La lettre qui lui est adressée est une demande pour déplacer de Marly des sculptures en danger dans le parc. Pajou est sollicité pour procéder au rapatriement au Louvre d'une, œuvre que Louis XIV avait achetée et placée à Marly en 1692, Les Enfants à la chèvre de Jacques Sarazin, et de quatre précieux vases de porphyre. L'auteur de la lettre explique que le déplacement est décidé suite à des actes de vandalisme pratiqués sur statues du parc.
Marly est-il un lieu si peu sûr pour que les œuvres doivent en être sorties et rapatriées à Paris ? Plusieurs sources mentionnent un état du parc allant se dégradant. Sous le règne de Louis XIV, le domaine fermé en l'absence du roi et lors de ses séjours seules les personnes ayant été expressément invitées peuvent y pénétrer.
Sous Louis XV, il est désormais possible de venir à la journée sans s'être annoncé. Sous Louis XVI, l'accès à Marly encore plus libre : en l’absence du souverain le parc est ouvert à tous, tel un jardin public. Dans les années 1770, des vols et des actes de vandalisme sont de plus en plus fréquents et audacieux et le personnel de surveillance trop peu nombreux pour les empêcher. En novembre 1778, cinq statues sont renversées ou mutilées ! La réaction ne se fait pas attendre : des mesures sont prises pour mettre à l'abri des œuvres précieuses. Quatre vases de porphyre désignés doivent être déplacés. Il semble que le groupe des Enfants à la chèvre ait été ajouté au dernier moment puisque qu'il ne figure que dans la marge.